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Amnesty International dénonce les violations des droits des travailleurs à la Soguipa et interpelle les autorités guinéennes

Djiwo Bah

L’organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International a rendu public, ce jeudi, un rapport accablant sur les atteintes aux droits des travailleurs au sein des plantations liées à la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéa (Soguipah), une entreprise d’État.

Le rapport a été présenté lors d’une conférence de presse tenue à la Maison de la Presse de Conakry.

Selon Fabian Hoffner, chercheur principal d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne, l’objectif de cette rencontre est de demander aux autorités guinéennes d’ouvrir sans délai une enquête complète, objective et de bonne foi sur les abus documentés dans le rapport, ainsi que sur d’éventuels cas similaires.

 

« Cette enquête devra garantir la confidentialité des informations recueillies et la protection des travailleurs contre toute forme de représailles, comme nous l’avons souligné », a précisé le représentant d’Amnesty International.

 

De manière plus générale, Amnesty International recommande à la Guinée d’adopter une loi sur le devoir de vigilance, afin de prévenir les atteintes aux droits humains et les préjudices environnementaux.

Cette loi devrait, selon l’organisation, s’appliquer aux sociétés mères et couvrir également les activités de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs.

 

L’organisation appelle aussi à la mise en œuvre immédiate du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), non seulement à la Soguipah, mais sur l’ensemble du territoire national, conformément à l’article 241-7 du Code du travail guinéen et aux conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) ratifiées par la Guinée.

 

« Il est essentiel que les travailleurs de la Soguipah et des plantations familiales bénéficient d’une rémunération leur permettant de vivre dignement, eux et leurs familles », a insisté Fabian Hoffner.

 

Amnesty International demande à la Soguipah de garantir aux planteurs familiaux un prix d’achat équitable, aligné sur les prix actuels du marché pour le caoutchouc, les noix de palme et l’huile de palme, afin d’assurer un revenu décent aux producteurs et à leurs employés.

 

L’organisation déplore également le manque de transparence au sein de l’entreprise et appelle à rendre publics les contrats et conventions encadrant les relations commerciales entre la Soguipah et les planteurs familiaux, souvent inaccessibles à ces derniers.

 

Par ailleurs, Amnesty regrette de n’avoir pas pu obtenir de réponse de l’Inspection du travail, qu’elle considère pourtant comme un acteur essentiel dans la régulation et le contrôle du respect des normes du travail.

Elle l’exhorte à mener des missions d’inspection afin de constater la réalité des conditions de travail sur le terrain.

 

Amnesty International demande à la Soguipah de se conformer aux Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, notamment en instaurant une procédure de diligence raisonnable pour identifier, prévenir et atténuer les impacts de ses activités sur les droits humains.

 

la garantie de l’application effective du SMIG, conformément au Code du travail et aux conventions de l’OIT ;

 

l’amélioration des conditions de sécurité par la fourniture d’équipements de protection individuelle adaptés et régulièrement renouvelés ;

 

le renforcement de l’accès aux soins et aux médicaments dans les centres et postes de santé de l’entreprise.

 

Enfin, Amnesty International appelle la Soguipah et les autorités guinéennes à préserver un climat favorable à la liberté d’expression, à l’association et aux revendications légitimes des travailleurs, conformément aux textes nationaux et aux normes internationales.

 

« Les revendications des travailleurs sont légitimes et doivent pouvoir s’exprimer librement. Le respect du droit du travail et des libertés syndicales est une obligation légale et morale », a conclu Fabian Hoffner.

Le rapport d’Amnesty International met en lumière les conditions de travail difficiles dans les plantations de la Soguipah et appelle à une réforme urgente pour garantir la justice sociale, la transparence économique et le respect des droits humains en Guinée.

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